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L’équation sacrée de l’amour et de l’unité
1 + 1 = 3, ou comment vivre l'unité en passant de la dualité à la trinité
Nous avons tous certainement déjà entendu cette fameuse expression « 1 + 1 = 3 ». Moi-même, je l’avais entendue à de nombreuses reprises sans vraiment en saisir le sens profond. Mais que signifie réellement ce calcul paradoxal, qui défie les lois de nos mathématiques ? Aujourd’hui, j’aimerais partager avec vous ma vision de cette étrange formule.
1 + 1 = 2 : l’expérience de la dualité
Pour concevoir l’essence sacrée de 1+1=3, partons d’abord de ce que nous connaissons : 1+1=2. Sur le plan relationnel, on peut dire que 1 (moi) + 1 (toi, l’autre) = 2 (toi et moi). Autrement dit, il y a toi et moi – deux entités distinctes côte à côte.
La relation au sein de ce 1+1=2 est fondamentalement duelle. Deux êtres de nature différente tentent de coexister : deux personnalités, deux façon de penser, deux manières de s’exprimer, deux visions du monde, etc. Cette dualité peut parfois engendrer des frictions ou un sentiment de séparation. Faut-il alors essayer de réduire, ou même abolir, ces différences pour expérimenter une véritable union au sein du « deux » ?
Eh bien non. Au contraire, nous devons nous ouvrir à quelque chose d’autre qui permette l’harmonie dans la différence. Mais quoi donc ?
Le troisième élément : le liant divin de l’amour
Il nous faut un liant, un troisième élément qui vienne unir et tenir ensemble les deux pôles de la relation. C’est là qu’intervient le mystérieux « +1 » supplémentaire. Le chiffre 3, c’est ce liant : ce qui va faire tenir ensemble deux éléments opposés, ce qui unit les polarités tout en les transcendant.
Et ce liant n’est autre que Son Amour, l’Amour de et pour Dieu. Ce n’est pas simplement notre amour humain, mais bien le Sien – cet Amour divin présent en chaque être, chaque conscience, chaque particule vivante de l’univers, qui fait que tout se tient parfaitement en place. Sans Son Amour qui ruisselle de tout ce qui est, aucune forme harmonieuse ne pourrait subsister. Pour construire à notre tour des alliances pérennes qui font sens, nous sommes invités à chaque instant à œuvrer avec Lui, c’est-à-dire à inviter la dimension divine au cœur de nos interactions.
Comment expérimenter ce troisième 1 qui fait le 3 ? Deux chemins possibles s’offrent à nous (et qui, à un certain moment, vont se rejoindre) :
- Vers l’intérieur : en cultivant l'Amour qui existe en nous – car Dieu est présent dans mon cœur. Par la prière véritable, la méditation ou l’élan du cœur, je peux ressentir Sa présence et son Amour inconditionnel en moi.
- Depuis l’extérieur : en acceptent Son Amour pour moi – car je suis dans le cœur de Dieu. En reconnaissant que je suis aimé(e) inconditionnellement par plus grand que moi, je m’ouvre à recevoir cet Amour qui descend vers moi.
Ces deux circulations, l’amour qui monte de l’âme vers le Divin et l’amour qui descend du Divin vers l’âme, finissent par se rejoindre et ne plus faire qu’un. Ainsi, 1 + 1 = 3 prend tout son sens :
moi + toi + Lui ( l'Amour-Dieu au centre) = une relation unifiée par l’Amour divin.
Cette idée peut sembler abstraite, mais on la retrouve illustrée dans de nombreuses traditions. Par exemple, un ancien proverbe biblique affirme qu’« un cordon à trois fils ne se rompt pas facilement » (Ecclésiaste 4:12). Cette image concrète du lien à trois brins exprime bien que si nos deux vies sont enlacées avec le fil de l’amour divin comme troisième brin, alors notre union gagne une force et une solidité extraordinaires – bien supérieures à ce que nos deux cœurs pourraient tisser seuls.
Transformer la relation par la présence du 3
Qu’est-ce que l'application de 1+1=3 permet concrètement dans la relation à l’autre ?Autrement dit, que m’apporte la présence du 3 si je le pense au cœur de mon lien avec autrui ?
Tout d’abord, cela me permet de voir clairement les endroits en moi où je ne me situe pas dans l'Amour. Dès que je m’éloigne de cet espace d’accueil silencieux – cet espace du cœur où réside Sa présence –, je reviens dans la dualité, avec la vision et donc la création de conflit que cela génère. Le « je » doit passer à travers Lui pour s’unir véritablement à l’autre. C’est en regardant l’autre à travers Dieu (les « yeux du cœur ») que je peux m’unir à lui sans confusion ni séparation, sans quoi, il y aura sans cesse la guerre des égos. De même, nous pouvons voir que Dieu nous aime, nous touche, à travers chaque « je » que nous croisons : Il se sert de l’amour que nous portons les uns aux autres pour manifester le Sien.
Ensuite, accueillir ce troisième élément qu’est l’Amour divin m’offre également une guidance interne. Cela me donne toutes les informations nécessaires et m’indique ce qu’il faut ajuster en moi pour revenir dans l’espace d’amour si je m’en suis écarté. Par exemple, Sa présence me montre immédiatement que le jugement n’a pas sa place dans cet espace sacré. Ainsi, lorsque – par mes pensées, mes paroles ou mes actes – je me mets à :
- juger l’autre ou moi-même,
- vouloir soumettre ou contrôler l’autre,
- forcer, contraindre ou imposer ma vision,
- condamner, blâmer, ou d’une manière générale adopter des pensées manichéennes de bien vs mal,
cela m’indique que je suis retombé dans le schéma duel du 1+1=2, que je suis à nouveau en lutte. La vigilance aimante de ce « troisième » me permet de reconnaître ces moments de turbulence et de les ajuster plus facilement. Elle m’aide ainsi à lâcher prise sur ces tendances et à revenir au centre, dans Son cœur et le mien, là où l’union véritable est possible.

Combler le vide de la dualité : vers la plénitude à trois
1+1=3 est l’une des clés de compréhension pour se défaire de la croyance du « manque » que la relation purement duelle peut engendrer. En effet, lorsque l’autre (que ce soit un partenaire, un ami, un être cher) n’est plus là, je peux ressentir un vide, un creux dans mon cœur. Je pense alors qu’il me manque quelque chose ou quelqu’un pour être entier, ce qui peut raviver des blessures telles que l’abandon, la trahison ou le rejet…
Or, lorsque j’inclus le 3e élément divin pour ne faire véritablement qu’Un, ce sentiment de manque illusoire se dissipe. L’Amour de Dieu vient combler l’espace qui semble vide. Appeler la présence du Divin dans la relation est un acte profondément libérateur. En quelque sorte, on pourrait dire que l’amour divin courbe la ligne du 2 pour en faire un triangle : il transforme la relation linéaire toi-moi en une figure trinitaire stable et harmonieuse.
Et lorsque deux triangles équilatéraux (deux êtres complets unis chacun à Dieu) se rencontrent pointe contre pointe, on obtient une forme étoilée bien connue : l’étoile de David à six branches. Ce symbole, au-delà de son association au judaïsme, représente justement l’union du masculin et du féminin, du ciel et de la terre. Selon la tradition hindoue, un tel hexagramme (appelé Shatkona) symbolise l’union du principe yin et du principe yang. Il est souvent associé à Brahma, le Dieu créateur, ou à la trinité divine (Trimurti) dans l’hindouisme. Quelle que soit la culture, cette étoile formée de deux triangles imbriqués illustre l’idée qu’en s’unissant par le troisième élément sacré, deux forces opposées créent une unité supérieure et engendrent quelque chose de divin (la création elle-même, symboliquement!).
Au-delà du deux : vers l’Unité véritable
Ainsi, ce n’est que lorsque j’aurai dépassé le stade du deux pour m’établir solidement dans le trois que le « 1 » – l’Unité – deviendra possible. Le 1 dans la relation, c’est ce sentiment d’union profonde, de fusion harmonieuse, d’unité dans la différence. Car nous sommes Un au niveau de la création : nous venons tous de Lui et nous retournons à Lui. Lorsqu’on regarde l’autre à travers Ses yeux – les yeux du cœur –, l’unité fondamentale de toute chose apparaît comme une évidence.
En dépassant la dualité conflictuelle du 1+1=2 et en accueillant le Divin dans nos vies (1+1=3), nous ouvrons la porte à cette Unité qui guérit, qui pacifie et qui élève nos relations.
Que vos cœurs baignent dans la douceur de l’Amour Éternel et Infini, et que ce troisième lien sacré vous accompagne chaque jour vers plus d’unité et de joie.
Sylvia
« On ne sort pas de la dualité par la régression dans le “un” indifférencié ; l’Amour est une dualité surmontée, non une dualité détruite ou effacée. Ce dépassement de la dualité, dans l’ivresse du noble amour, est symbolisé par le chiffre trois. Pour être un, véritablement “sans confusion et sans séparation”, il faut être trois. » – Jean-Yves Leloup, Commentaire du "Cantique des Cantiques ", p. 62.