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Kambo - Approfondissement

Kambo - Approfondissement

Samedi, Août 9, 2025

Si ce n'est pas déjà fait, nous vous invitons à tout d'abord consulter notre premier article concernant cette médecine.

L’odyssée du Kambo : mythe, migration et mondialisation

Chez les Kaxinawá, une légende raconte que le chaman Kampu, impuissant face aux maladies de son village, reçut en rêve — sous l’effet de l’ayahuasca — la vision d’une grenouille dont il tira une sécrétion blanche. L’esprit de la forêt lui enseigna son utilisation. Le village guérit. À sa mort, l’esprit de Kampu se serait fondu dans l’univers des grenouilles, donnant naissance à la médecine du Kambo. 

En 1925, le prêtre missionnaire Constantin Tastevin fut le premier à documenter l’usage du Kambo dans la région du haut Juruá, au Brésil. Mais c’est surtout à partir de 1986 que le Kambo entre sur la scène internationale, grâce au journaliste et anthropologue Peter Gorman, qui le reçut des Matsés et en rapporta des échantillons aux États-Unis pour analyse. Son ouvrage Sapo In My Soul raconte cette expérience et marque un tournant dans la diffusion de cette pratique. 

Au début du XXe siècle, une grande sécheresse dans le nord-est de l’Amérique du Sud provoqua une migration vers l’ouest amazonien, facilitant la redécouverte du kambo par des populations non indigènes, notamment les ouvriers des plantations de caoutchouc. Soignés grâce à cette sécrétion de grenouille, certains offrirent en échange des outils métalliques aux peuples autochtones, initiant un échange interculturel. Dans les années 1990, des récolteurs d’hévéa et des guérisseurs amazoniens — indigènes ou caboclos — commencèrent à diffuser la pratique dans les villes brésiliennes, attirant progressivement une clientèle occidentale en quête de thérapies alternatives. Des figures comme le chef katukina Fernando ou le guérisseur Francisco Gomes ont contribué à l’expansion du kambo hors de la jungle, jusqu’à ce qu’il atteigne, au début du XXIe siècle, l’Europe, l’Amérique du Nord et l’Asie, porté par l’engouement croissant pour les médecines ancestrales et le néo-chamanisme. 

Aujourd’hui, cette pratique connaît un essor dans les milieux holistiques occidentaux, où elle est utilisée comme thérapie complémentaire pour traiter des affections telles que la dépression, l’anxiété, les douleurs chroniques, les maladies auto-immunes, le TSPT, la maladie de Lyme, les infections ou encore les dépendances, témoignant d’une recherche de sens et de guérison au-delà des cadres de la médecine conventionnelle. 

Effets & Langage du Kambo - Suite

Les vomissements ont été classés par couleurs : blanc, jaune/orange et noir. Généralement correspondant à l’une des anciennes catégories des maladies, les quatre humeurs : flegme, bile jaune et bile noire. À titre d’exemple, le vomissement blanc : transparent avec des grumeaux blancs, serait le produit d’un "scan lymphatique" qui capte les toxines et les dépose dans l’estomac. 

Certains connaîtront une réponse « herxheimer » dans les jours qui suivront leur traitement, une réaction de désintoxication à court terme de l’organisme éliminant de grandes quantités de toxines. Si le participant porte sciemment ou non une maladie latente, il est tout à fait possible que les symptômes de cette maladie remontent à la surface, aussi appelée “crise d’élimination”, de sorte que le Kambo puisse continuer à faire son travail. 

Recueil - une Médecine vivante dans le respect du vivant

Dans les traditions amazoniennes, la récolte du kambo est un rituel sacré empreint de respect, de savoir ancestral et de connexion spirituelle. Cette sécrétion cutanée, est perçue comme une médecine vivante, imprégnée de l’esprit de l’animal. Utilisée autant pour ses vertus physiques que spirituelles, elle exige une approche éthique rigoureuse, où le bien-être de la grenouille est au cœur du processus. 

À l’aube, les membres des tribus attirent les grenouilles en chantant des mélodies sacrées imitant leur cri. Une fois repérée, l’animal — arboricole, nocturne et non agressif — est capturé avec précaution, souvent en coupant la branche sur laquelle il se trouve pour limiter le contact direct. Les méthodes de prélèvement varient légèrement selon les peuples, mais toutes visent à récolter le venin sans blesser l’animal. Chez les Katukina, un massage délicat des pattes et du dos suffit à provoquer la sécrétion. Les Matsés, eux, placent la grenouille dans une position en X entre quatre piquets et stimulent doucement ses glandes cutanées. D’autres techniques plus controversées consistent à souffler de l’air, à l’asperger d’eau ou à frotter une brindille sur sa peau. Dans tous les cas, seul le premier jet de sécrétion est recueilli, afin de préserver ses défenses naturelles. La substance est ensuite étalée sur des bâtonnets ou des plaques de bambou pour sécher à l’air libre. Avant l’usage rituel, il est réhydraté avec de l’eau ou de la salive. 

Jamais l’animal n’est tué ni blessé. Les peuples autochtones insistent sur la dimension spirituelle et morale de la pratique : nuire à la grenouille reviendrait à irriter l’esprit du kambo, ce qui rendrait la médecine inefficace, voire dangereuse. Une marque laissée par la ficelle permet d’identifier les individus déjà prélevés et d’attendre plusieurs mois avant un nouveau contact. Il arrive même que les grenouilles reviennent spontanément les jours suivants, attirées par les chants, signe pour les chamans d’un lien profond et volontaire entre l’animal et les humains. 

Bien que Phyllomedusa bicolor soit aujourd’hui classée comme espèce « peu préoccupante » par l’UICN, son habitat — situé dans le haut bassin amazonien — subit une pression croissante liée à la déforestation, à l’urbanisation et à l’agriculture intensive, notamment l’élevage et la culture du soja. Cette situation renforce l’importance d’une récolte respectueuse et durable, fidèle aux principes traditionnels qui font du kambo non seulement un remède, mais aussi un acte de réciprocité entre l’humain et le vivant. 

Peptides bioactifs de la sécrétion " Phyllomedusa bicolor "

La sécrétion cutanée de Phyllomedusa bicolor, utilisée dans le rituel du Kambo, contient une concentration exceptionnelle de peptides bioactifs. Ces courtes chaînes d’acides aminés qui fonctionnent comme des briques de construction pour les protéines interagissent avec les récepteurs cellulaires humains, déclenchant une série d’effets physiologiques notables. Plusieurs méthodes d’extraction ont permis d’identifier ces composés et d'étudier leurs actions sur l’organisme. 

Glandes responsables de la sécrétion 

Trois types de glandes cutanées sont impliqués dans la production de ces substances :Glandes séreuses (granulaires) : réparties sur l’ensemble du corps, principales productrices de peptides bioactifs. 

  • Glandes lipidiques : situées sous l’épiderme, apparaissent après la métamorphose, surtout présentes sur le dos et les flancs. 
  • Glandes muqueuses : localisées sur la face ventrale.

Principaux peptides et leurs effets

1. Phyllocaeruléine 

Présente en forte concentration, elle est l’un des peptides les plus actifs du Kambo. Elle stimule la motilité des muscles lisses gastro-intestinaux, le flux biliaire ainsi que les sécrétions gastriques et pancréatiques. Elle possède également des propriétés analgésiques centrales. 

2. Phyllokinine et Phyllomédusine 

Ces deux peptides sont de puissants vasodilatateurs qui facilitent le passage d'autres substances actives à travers la barrière hémato-encéphalique. Ils provoquent une chute de la pression artérielle, une stimulation des sécrétions lacrymales et salivaires, ainsi qu’une activation de la motilité intestinale. Ils sont à l’origine des purges profondes induites par le Kambo, ainsi que des effets comme les bouffées de chaleur, l'œdème facial (« visage de grenouille »), les crampes intestinales, et la production accrue de mucus et de larmes. 

3. Caeruléine et Sauvagine 

Ces peptides de 40 acides aminés exercent un effet myotrope sur les muscles lisses, induisant la contraction du côlon et de la vessie, ainsi que la stimulation des sécrétions digestives. Ils provoquent une hypotension accompagnée de tachycardie et activent l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien, entraînant une augmentation de corticostérone, d’adrénaline, de glucose sanguin et de β-endorphines. À long terme, ils amélioreraient la perception sensorielle, la résistance au stress, la force physique et la gestion de la douleur. Ils pourraient aussi moduler la satiété et certains comportements sociaux. 

4. Dermorphine et Deltorphine 

Ce sont de puissants peptides opioïdes (7 acides aminés) qui se lient sélectivement aux récepteurs delta. Leur pouvoir analgésique est 4 000 fois supérieur à celui de la morphine. Chez les rats, ils induisent une activité motrice accrue, une libération de dopamine et une amélioration des interactions sociales. Ils ont montré des effets cardioprotecteurs (prévention des arythmies lors d’ischémies) et gastro-protecteurs. 

5. Adénoreguline (DRS-B2) 

Membre de la famille des dermaseptines, cette molécule microbicide agit par l’intermédiaire des récepteurs de l’adénosine, impliqués dans les fonctions cellulaires fondamentales. Elle présente des effets régulateurs endocriniens, circadiens, immunitaires, et pourrait jouer un rôle dans le traitement de la dépression, des troubles cognitifs (type Alzheimer) et de certains cancers (prostate, sein). 

6. Dermaseptines 

Ces peptides antimicrobiens à large spectre inhibent la croissance de protozoaires, champignons, bactéries et virus sans affecter les cellules différenciées de mammifères. Des études universitaires ont montré leur efficacité contre certaines lignées de cellules cancéreuses. 

7. Bombésine 

Peptide proche des peptides mammifères, la bombésine stimule la motilité intestinale, les contractions des muscles lisses, la sécrétion hormonale (notamment l’insuline) et aurait un effet bénéfique sur le système nerveux central (régulation du rythme circadien, thermorégulation, anxiété, comportement social). 

8. Bradykinine 

Peptide naturellement présent chez de nombreux animaux, il a une action hypotensive, augmente la perméabilité vasculaire (y compris au niveau de la barrière hémato-encéphalique) et stimule certains muscles lisses (utérus, gros intestin). 

9. Phylloïuléine 

Peptide aux effets analgésiques notables, particulièrement efficace contre les coliques néphrétiques et les douleurs cancéreuses. 

Synthèse des effets physiologiques observés

Les peptides du Kambo interagissent avec divers systèmes de l’organisme : 

  • Système gastro-intestinal : stimulation des sécrétions et de la motilité (purge), contraction des muscles lisses (caeruléine, phyllocaeruléine). 
  • Système cardiovasculaire : hypotension, vasodilatation (phyllokinine, phyllomédusine, sauvagine). 
  • Système nerveux central : effets analgésiques, stimulation de l’axe hypothalamo-hypophysaire, modulation de la réponse au stress, effets comportementaux (dermorphine, deltorphine, sauvagine). 
  • Système immunitaire et hormonal : stimulation endocrine, action antimicrobienne, modulation hormonale (bombésine, adénoreguline, dermaseptines). 
  • Effets métaboliques et comportementaux : amélioration de l’endurance, résistance au stress, effets sur l’humeur et les interactions sociales.

Une bibliothèque naturelle au service de la médecine

Le Kambo suscite un intérêt croissant dans la recherche biomédicale en raison de sa composition exceptionnelle en peptides bioactifs. Dès 1986, le chimiste italien Vittorio Erspamer, deux fois nommé au prix Nobel, qualifiait ces sécrétions de « plus grande source connue de peptides bioactifs parmi les amphibiens » et de « cocktail fantastique aux usages médicaux potentiels inégalés ». Ces molécules, encore partiellement inexploitées, présentent des propriétés antimicrobiennes, antivirales, antiparasitaires, vasodilatatrices, immunostimulantes et analgésiques. Selon le professeur Christopher Shaw, elles constituent de véritables bibliothèques naturelles capables de fournir des solutions thérapeutiques pour une large gamme de pathologies. 

Les domaines d’application envisagés sont vastes : traitement de maladies infectieuses (VIH, hépatite C, dengue, paludisme, grippe), affections cardiovasculaires (hypertension, insuffisance cardiaque), troubles neurologiques (Alzheimer), douleurs chroniques, et cancers. Certaines molécules du kambo ont démontré leur capacité à induire l’apoptose des cellules tumorales, notamment dans les cas de leucémie et de mélanome, tout en préservant les cellules saines. D'autres, identifiées par des chercheurs de la Queen’s School of Pharmacy, régulent la croissance des vaisseaux sanguins, ce qui ouvre des perspectives à la fois pour la cicatrisation et la réparation tissulaire, et pour la lutte contre les tumeurs en inhibant leur vascularisation. 

La synergie unique de ces peptides, dont les fonctions exactes sont encore à l’étude, attire l’attention des laboratoires pharmaceutiques internationaux. Environ 70 brevets ont déjà été déposés, principalement aux États-Unis, pour des composés naturels ou synthétiques issus du kambo. Comme le souligne le professeur Mario Christian Meyer, spécialiste en neuropsychiatrie, le kambo contient également des batrachotoxines, un venin rare aux effets immunostimulants et antiviraux puissants, renforçant encore son potentiel thérapeutique. 

Posologie & Protocoles

Comme indiqué précédemment, la posologie est mesurée par le nombre de points appliqués. Chaque point contient environ 10 mg de sécrétion cutanée et mesure environ 5 mm de diamètre. Le choix de la dose dépendra de la corpulence, de l'expérience, des raisons de l'application ou de la tradition du praticien. 

  • Dose légère : 1 à 3 points 
  • Dose moyenne : 3 à 7 points 
  • Dose élevée : Plus de 7 points 

Certains praticiens traditionnels peuvent atteindre 400 points en une seule application, mais cette dose est limitée aux rituels culturels et aux utilisateurs très expérimentés. Il serait dangereux pour un utilisateur novice d'appliquer une dose très élevée. 

Le terme « poison » : une question de sémantique

Le Kambo est souvent qualifié à tort de poison ou de venin, alors qu’il ne correspond à aucune de ces définitions au sens strict. Un poison est une substance qui peut nuire à l’organisme lorsqu’elle est présente en quantité inappropriée. Un venin, quant à lui, est une substance toxique injectée activement, généralement par des crocs ou un dard — comme chez les serpents, scorpions ou araignées. Le Kambo ne relève d’aucune de ces catégories. 

Il est composé de peptides bioactifs qui interagissent de manière spécifique avec les récepteurs du corps humain, comme si ces composés étaient naturellement produits par l’organisme lui-même. Rien, dans la sécrétion du Kambo, n’indique une réponse toxique ou une reconnaissance comme substance nocive par le corps. 

Pourtant, certains médias continuent d’employer des expressions comme « nettoyage empoisonné des grenouilles », et les termes toxine, venin ou poison apparaissent régulièrement dans les discours populaires. Même le pharmacologue italien Vittorio Erspamer, prix Nobel pour sa découverte de la sérotonine et l’un des pionniers de l’étude du Kambo, a pu utiliser le mot « intoxication » pour décrire certaines réactions, ce qui alimente cette confusion. 

Comme l’a formulé Paracelse, fondateur de la toxicologie moderne : « Tout est poison, rien n’est poison, seule la dose fait le poison. » Ainsi, même des éléments essentiels comme l’eau ou l’air peuvent devenir toxiques en excès. Cela souligne combien le terme « poison » dépend du contexte et de la dose, plutôt que de la nature intrinsèque d’une substance. 

Une défense naturelle chez la grenouille

La sécrétion du Kambo provient d’une espèce de grenouille dotée d’un épiderme particulier, comme le souligne Luis Coloma, directeur du Jambatu Center for Amphibian Research and Conservation. Pour survivre dans un environnement riche en pathogènes, ces batraciens ont développé des molécules qui agissent comme un bouclier protecteur. 

Ces sécrétions cutanées, bien que parfois qualifiées de venimeuses, font partie intégrante du système immunitaire inné de l’animal. Elles servent de défense contre les infections et les prédateurs. Leur production est déclenchée par le système nerveux sympathique en réponse à une menace, un stress ou un dommage tissulaire. 

Enfin, dans un documentaire diffusé en 2014, David Attenborough suggérait que la grenouille pourrait également utiliser sa sécrétion comme protection solaire, illustrant ainsi la complexité et la polyvalence de cette substance naturelle. 

Les polémiques autour du Kambo : accidents et mauvaise presse

Malgré ses racines ancestrales et son usage traditionnel en Amazonie, la pratique du Kambo a parfois été associée à des événements dramatiques, largement relayés dans les médias et nuisant à sa réputation. 

L’un des cas les plus connus est celui d’un décès survenu seulement 30 minutes après l'application du Kambo. Il s’agissait d’un utilisateur régulier, et les spécialistes estiment qu’une réaction aiguë liée à une accumulation de toxines pourrait avoir été la cause du décès. Deux autres cas mortels ont été signalés en 2008 et 2009, au Chili et au Brésil, mais aucun examen médico-légal approfondi n’a été réalisé pour en déterminer les causes exactes. 

Pour une analyse plus approfondie, il est recommandé de consulter l’article de Eduardo Carchedi, étudiant en neurosciences à l’Université Autonome de Barcelone, rédigé sous la direction du Dr José Carlos Bouso, directeur scientifique d’ICEERS : Kambo: A Traditional Remedy 

Par ailleurs, plusieurs rapports médicaux évoquent la toxicité potentielle du Kambo. Des cas d’hépatite ont été rapportés, ainsi que des accidents graves liés à une mauvaise gestion de l'hydratation. En effet, certains utilisateurs, submergés par les effets du Kambo, ont tenté d’atténuer leur inconfort en buvant de grandes quantités d’eau — parfois entre 6 et 10 litres en peu de temps. Cette surhydratation peut provoquer une hyponatrémie, une chute dangereuse du taux d’électrolytes dans le sang, compromettant gravement les fonctions vitales. 

La majorité de ces incidents sont attribués à un manque d'information et de préparation adéquate. Cela souligne l’importance de pratiquer le Kambo dans un cadre sûr, encadré par des personnes formées et conscientes des risques potentiels. 

Entre tradition, controverse et zone grise

À l’exception de l’Australie, où il est interdit, l’utilisation du Kambo n’est actuellement encadrée par aucune législation spécifique au niveau international. 

La seule mesure légale notable remonte à 2004, lorsque le gouvernement brésilien en a interdit sa commercialisation et publicité. Cette décision fait écho à une préoccupation majeure exprimée par les peuples autochtones de l’Amazonie, principaux détenteurs des savoirs traditionnels liés à cette pratique. 

Avec la popularité croissante du Kambo à l’échelle mondiale, un débat s’est engagé autour de la légitimité de l’appropriation de ces connaissances ancestrales. Le phénomène de « biopiraterie » – c’est-à-dire l’exploitation non consentie des ressources biologiques et des savoirs traditionnels autochtones – est au cœur de ces préoccupations. Tandis que certains perçoivent le Kambo comme une pratique médicinale alternative prometteuse, d'autres y voient une opportunité lucrative dans un marché en expansion. Cette tension entre intérêt thérapeutique et exploitation commerciale est à l’origine des premières restrictions légales, motivées par les revendications des communautés autochtones concernées. 

En effet, voir des entreprises s’approprier les composés actifs d’un remède indigène et potentiellement en tirer profit commercial (médicaments, suppléments, etc.) est vécu comme une spoliation si les peuples concernés ne sont pas consultés ni dédommagés. Le cas du kambo est devenu exemplaire de cette problématique, au point que la Ministre brésilienne de l’Environnement de l’époque, Marina Silva, en a fait un cas d’école dans les discussions sur le partage des bénéfices liés aux ressources biologiques 

En Suisse, la pratique du Kambo n’est ni explicitement autorisée ni interdite au niveau fédéral. Elle ne fait pas partie des médecines complémentaires officiellement reconnues, contrairement à l'acupuncture, la phytothérapie ou l'homéopathie, intégrées à l’assurance maladie obligatoire (LAMal) lorsqu'elles sont pratiquées par des médecins agréés. 

Il n’existe pas de cadre légal spécifique encadrant le Kambo, ce qui place sa pratique dans une zone grise. Des cérémonies peuvent avoir lieu, mais les praticiens doivent s’assurer de respecter les lois en vigueur, notamment celles relatives à l’exercice illégal de la médecine et à la protection de la santé publique. 

En résumé, le Kambo en Suisse évolue dans un vide juridique : non interdit, mais ni reconnu ni officiellement encadré. 

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